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Sous le franquisme, pour faire face à la répression physique, à l’enfermement idéologique et psychologique dus à la censure du régime, les romanciers espagnols inventent des procédés narratifs qui leur permettent d’échapper aux représailles. Dans Nada de Carmen Laforet et Cinco horas con Mario de Miguel Delibes, l’analyse du cadre spatio-temporel du récit montre que le temps narratif est foncièrement bref, et les espaces narratifs sont très réduits et clos. C’est la représentation de l’Espagne franquiste, archétype d’un monde fermé qui oppresse, étouffe et écrase les voix discordantes. Cette façon de présenter le temps (très bref) et l’espace (restreint et clos) narratifs dans le récit est en outre, l’expression de l’isolement physique et de la torture psychologique des intellectuels espagnols face à la dictature franquiste. C’est également l’expression du désir ardent de changement et de liberté de toute une société. Le cadre spatio-temporel du récit narratif transforme, en définitive, le lecteur en une sorte de personnage actif par le biais de la fonction historique et psychologique de la mémoire, qui le plonge dans une introspection sociohistorique et psychologique. Mots clés : Régime franquiste ; Espace narratif ; Isolement physique ; temps narratif ; prison psychologique.